Par la Rédaction
paru en mars 2019
L'Âme des Lieux N° 4
    • Un fratricide sordide
    • Un squelette en sa tour
    • La gendarmerie s'en mêle
    • La conviction des villageois

    Ernest, le squelette qui sème la zizanie

    Depuis un siècle, un squelette divise Saint-Pierre-de-Frugie, en Dordogne. S’agit-il bien d’Ernest, l’ancien châtelain ? Une chose est sûre : le village tient à sa légende, qu’elle soit vraie ou non !
    Par Jean Berthelot de la Glétais. Photographies : Magali Maricot, photojournaliste

    C’est un coin de France qui ressemble à un dessin d’enfant, une carte postale envoyée par un touriste américain. Les pâturages y sont d’un vert presque artificiel, les collines tranquillement arrondies. Cette mélancolie douce, cette jolie nostalgie d’un pays apaisé qui n’a sans doute jamais existé que dans les contes, Saint-Pierre-de-Frugie pourrait s’en contenter. Mais ce petit village de Dordogne de 419 âmes, sis à une quarantaine de kilomètres au sud de Limoges, cache une histoire tourmentée, derrière ses maisons proprettes, son église aux pierres apparentes et ses jolies barrières rouges : depuis cent ans, Saint-Pierrede- Frugie se passionne et se déchire pour un énigmatique squelette retrouvé sous son château.

    Tout commence le jeudi 11 décembre 1913 au matin. « Des maçons sont appelés pour creuser une cave dans une petite maison située à une cinquantaine de mètres du “château” », raconte Alain Vignol. À 85 ans, accent du coin et bienveillance gourmande, il fait office de « griot » du village, celui qui transmet la mémoire, tel que le faisait son père, Adrien, avant lui. Quand il évoque le « château », comme le font les gens du cru, il faut plutôt imaginer une maison bourgeoise. Car du château du xiie siècle, il ne reste qu’une tour près de laquelle on a construit, au xviie siècle, une vaste et élégante chartreuse. « Là, les maçons tombent sur un squelette enterré à 25 centimètres seulement de la surface », poursuit Alain Vignol. La nouvelle se répand aussitôt et, en moins de temps qu’il n’en fallait à Brassens pour le chanter, le maire, le bedeau, le bougnat, les gendarmes et même les enfants du village entourent les terrassiers. Parmi les curieux, il y a Jean Beaubatie : il est l’ancien régisseur du « château », et en apprenant la sinistre nouvelle, il est formel : « Qué notrei mossur ! »

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