Par la Rédaction
paru en mars 2019
L'Âme des Lieux N° 4
    • De l'Islande à Dubrovnik, le même « effet GotT »
    • Le ranch texan de Dallas 
    • Une offre surabondante
    • Promouvoir sa ville ou sa région

    Quand les séries guident nos voyages

    Le tourisme lié aux séries télévisées s’est développé ces dernières années. Les fans veulent renforcer leurs liens avec leurs héros préférés, « éprouver » la réalité de leur univers. Game of Thrones en est l’exemple type.

    Par Ioanis Deroide, professeur d'histoire-géographie et auteur de livres sur séries TV

    En 2015, un touriste international sur cinq a choisi sa destination après l’avoir vue à la télévision. Ce chiffre, résultat d’une enquête menée pour le site de voyage TripAdvisor, atteste de la vitalité du « TVtourisme » et particulièrement du « série-tourisme », puisque c’est ce type de programme qui est le plus en vogue sur nos écrans personnels, téléviseurs, tablettes ou smartphones.

    La série dont l’impact touristique est le plus fort est Game of Thrones, produite par HBO, diffusée depuis 2011, et dont la huitième et dernière saison nous arrive le 14 avril prochain. Cette épopée de fantasy moyenâgeuse s’attire tous les superlatifs : série la plus chère, la plus regardée, la plus piratée... Or, les lieux de tournage de GoT (comme l’abrègent les fans) constituent assurément une des clés de son succès planétaire : ils fournissent aux intrigues politiques et guerrières de superbes décors qui font voyager le téléspectateur de l’Irlande du Nord au Maroc, de l’Andalousie à Malte, et de Dubrovnik à l’Islande. Dans tous ces territoires, un « effet GoT » se fait sentir sur la fréquentation touristique.

    À Dubrovnik (Croatie), l’ancienne Raguse que Byron surnommait « la perle de l’Adriatique » et que George Bernard Shaw voyait comme un paradis sur terre, les visiteurs-téléspectateurs veulent fouler le sol de la ville qui les a enchantés à l’écran sous le nom de King’s Landing (en français, Port-Réal), la capitale du continent fictif de Westeros, et donc un des lieux centraux du monde de GoT.

    Ces flux de touristes sont portés par des navires de croisière qui ont totalisé plus de 500 haltes à Dubrovnik en 2018. Une affluence dont certains habitants regrettent les effets : « on se croirait à Disneyland », déplore l’un d’eux cité par Associated Press en septembre dernier. Dubrovnik n’a pourtant pas attendu Game of Thrones pour s’ouvrir au tourisme de masse : au milieu des années 1980, les touristes étrangers y représentaient déjà trois millions de nuitées par an. Mais avec le série-tourisme, un palier supplémentaire a été atteint, ce qui pousse les autorités locales à envisager de faire payer un ticket d’entrée à tous les visiteurs, sur le modèle de ce qui a déjà été mis en place à Venise.

    De l'Islande à Dubrovnik, le même « effet GotT »


    En Islande, pays peuplé seulement de 348 000 habitants et où le tourisme n’a décollé que dans les années 2000-2010, l’impact de GoT est aussi très fort, et d’autant plus sensible que les paysages islandais de montagnes et de glaciers sont de plus en plus présents à l’écran au fil des saisons, à mesure que l’histoire nous emmène dans les régions boréales de Westeros à la rencontre des Sauvageons et des Marcheurs blancs. Des sites touristiques majeurs comme le parc national de Þingvellir (prononcer thingvellir, au sud-ouest) ou plus méconnus comme le mont Kirkjufell (nord-ouest) ont été mis en valeur dans de multiples épisodes.

    Que viennent chercher, à Dubrovnik ou ailleurs, les « séries-touristes » ? Selon l’universitaire américaine Abby Waysdorf, spécialiste de l’expérience touristique des fans d’univers fictionnels, ils désirent surtout renforcer les liens qu’ils ont tissés avec leur fiction préférée. En se rendant physiquement sur le lieu où a été tournée leur série, ils ont la possibilité d’éprouver celleci comme si elle était réelle : si les murs et les rues de Kings Landing existent « pour de vrai » à Dubrovnik, alors GoT n’est pas qu’un produit de l’imagination.

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