Venise : dans les pas des illustres

Par Éric Monsinjon, professeur d'histoire de l'art à la Comédie-Française et en écoles préparatoires

Derrière les façades des palais

Bien sûr, il y a la place Saint-Marc, le cœur névralgique de Venise depuis plus de mille ans. Ce « salon du monde », comme l’appelait Alfred de Musset. Malgré le nombre de touristes, la magie opère toujours. Avec sa basilique, vieille de plus de 1 000 ans, où se rencontrent l’Occident et l’Orient, le gothique et le byzantin, la pierre et l’or. Et le palais des Doges, aux façades de style gothique flamboyant. Bien sûr, il y a les gondoles et le pont du Rialto, le plus célèbre de Venise, et le premier à enjamber le Grand Canal au XIIe siècle. À l’origine en bois, le tablier s’ouvrait en son centre pour laisser passer les galères et le Bucentaure, le navire d’apparat du doge. Il fut reconstruit en pierre au XVIe siècle. Goethe admirait cet « arc de marbre ». Aujourd’hui, ce pont de 28 mètres de long, à une seule arche, est envahi par les étalages de souvenirs. Mais au coucher du soleil, après le départ des touristes, la vue sur le Grand Canal et les palais y est toujours magnifique. Bien sûr, il y a le pont des Soupirs, romantique à souhait, alors même qu’il était emprunté par les condamnés sortant du tribunal : passant sous ce pont couvert après avoir reçu leur sentence, on dit qu’ils manifestaient ainsi leur tristesse. Et puis, bien sûr, il y a ces somptueux palais, musées et églises, tous ces chefs-d’œuvre de la Renaissance. Titien, Véronèse, Le Tintoret. Les balades hors du temps à la nuit tombée dans les ruelles étroites. Et l’inoubliable promenade nocturne en Vaporetto (ligne 1 ou 2) sur le Grand Canal. Tout ce qui fait la Venise touristique, celle que nous connaissons tous. Mais où se loge l’âme de la Sérénissime ? Face à de telles splendeurs, perdu parmi des milliers de visiteurs, il est parfois bien difficile